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«Les Portes de Gaza» d’Amir Tibon

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« Les Portes de Gaza, une histoire de trahison, de survie et d’espoir aux frontières d’Israël » d’Amir Tibon – éd. Christian Bourgois. En tant qu'habitant du Kibboutz de Nahal Oz, Amir Tibon est un survivant de l'attaque terroriste du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier. Mais il est aussi correspondant diplomatique pour le quotidien israélien Haaretz. À travers les récits de la terrible journée du 7 octobre, il offre également son analyse du conflit israélo-palestinien à travers les années.

RFI : Votre livre alterne entre de cette journée d'horreur vécue le 7 octobre et analyse du conflit israélo-palestinien avec un élément pivot, le kibboutz. Pourquoi est-ce une notion aussi centrale ?

Amir Tibon : Les kibboutz ont été construits dans les années 1920-30, avant même la fondation d'Israël en tant que pays. Ils ont joué un rôle important pour déterminer les frontières d'Israël. C'est d'ailleurs ce qui les distingue des colonies construites par Israël après la guerre des Six-Jours en 1967. Les kibboutz avaient pour but de renforcer la présence d'Israël le long des frontières alors que les colonies ont été créées pour effacer les frontières originales et tenter de créer autre chose. Et c'est une chose importante qui distingue les deux.

Vous expliquez donc votre détermination à venir avec votre femme élever vos enfants dans ce kibboutz, pourtant dans le livre, vous exprimez également vos doutes nés le jour du 7 octobre.

Oui, à un moment donné, j'ai dit à ma femme Miri : « Tout cela est de ma faute ». Vous savez, nous étions dans une petite pièce, dans l'obscurité, sans électricité, sans nourriture. Avec nos deux très jeunes filles, de 3 ans et demi et 2 ans, entourés de terroristes qui essayaient d'entrer et de nous tuer. Et je lui ai dit que tout était de ma faute, car l'idée de venir à Nahal Oz, dans ce kibboutz à la frontière de Gaza, était la mienne. Mais en même temps, il y a une voix en moi, même aujourd'hui, qui me dit que nous devons y retourner. Sinon, les terroristes auront gagné. Ils ont assassiné quinze de nos amis et voisins, kidnappé sept de nos amis et voisins à Gaza, deux d'entre eux sont toujours détenus. Si nous ne retournons pas vivre dans notre Kibboutz, quel genre de message est-ce que cela envoie ? Mais pour revenir, il faut que certaines choses changent en Israël, car le 7 octobre, pour les gens qui vivent le long de la frontière avec Gaza, c'est d'abord et avant tout un jour de profonde déception envers notre propre pays qui n'était pas là pour nous protéger.

C'est vrai que vous revenez à plusieurs reprises sur ce sentiment de trahison.

Le Hamas est en fin de compte la seule entité qui porte toute la responsabilité du massacre. En vivant à côté de Gaza, nous avons toujours su ce qu'est le Hamas et ce qu'il veut faire. Mais nous savions aussi qu'Israël était un pays fort avec une armée forte qui serait en mesure de les empêcher de nous nuire. Et c'est ce qui a volé en éclats le 7 octobre.

Comme pour tout traumatisme, il est nécessaire de comprendre. Avez-vous compris pourquoi l'armée, les autorités n'ont pas réagi comme vous vous attendiez qu'elles le fassent ?

Ce dont nous avons vraiment besoin en Israël, c'est de mettre en place une commission d'enquête officielle qui examinera toutes les décisions que le gouvernement a prises au fil des années qui ont précédé le 7 octobre. Pourquoi notre gouvernement a permis que de l'argent tombe entre les mains du Hamas ? Pourquoi a-t-il pensé que le Hamas était préférable à l'Autorité palestinienne en Cisjordanie ? Pourquoi a-t-il retiré ses forces de la zone frontalière de Gaza pour les envoyer dans d'autres missions ?

Le 7 octobre prochain marquera les un an de l'attaque du Hamas, mais aussi les un an de la guerre à Gaza. Comment parler de ces deux drames ?

Il est important de dire que le 7 octobre était une attaque terroriste totalement injustifiée d'une ampleur énorme. Je pense qu'il est aussi important pour nous, Israéliens, de critiquer le gouvernement et ses politiques qui ont mené au 7 octobre. Et puis nous devons avoir une conversation séparée sur la guerre à Gaza, qui est une conversation très difficile. En tant que citoyen israélien qui a failli être assassiné ce jour-là avec mes jeunes enfants, je pense qu'Israël n'avait pas d'autre choix que d'entrer en guerre après le 7 octobre. Nous avons été attaqués d'une manière vicieuse et inhumaine, et nous sommes entourés d'autres ennemis qui nous regardent de près. Si nous n'étions pas entrés en guerre en représailles, je ne suis pas sûr qu'Israël existerait encore. Et pourtant, en même temps, cela ne signifie pas que tout ce que nous avons fait pendant la guerre est justifiée. Cela ne signifie pas que les décisions prises pendant la guerre doivent être protégées de la critique, et cela ne signifie pas que la guerre doit durer éternellement. Je crois qu'à ce stade, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour parvenir à un accord, ramener les otages en vie, mettre fin à cette guerre et entamer la tâche très difficile de la reconstruction de nos maisons et de la réparation de notre pays.

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RFI : Votre livre alterne entre de cette journée d'horreur vécue le 7 octobre et analyse du conflit israélo-palestinien avec un élément pivot, le kibboutz. Pourquoi est-ce une notion aussi centrale ?

Amir Tibon : Les kibboutz ont été construits dans les années 1920-30, avant même la fondation d'Israël en tant que pays. Ils ont joué un rôle important pour déterminer les frontières d'Israël. C'est d'ailleurs ce qui les distingue des colonies construites par Israël après la guerre des Six-Jours en 1967. Les kibboutz avaient pour but de renforcer la présence d'Israël le long des frontières alors que les colonies ont été créées pour effacer les frontières originales et tenter de créer autre chose. Et c'est une chose importante qui distingue les deux.

Vous expliquez donc votre détermination à venir avec votre femme élever vos enfants dans ce kibboutz, pourtant dans le livre, vous exprimez également vos doutes nés le jour du 7 octobre.

Oui, à un moment donné, j'ai dit à ma femme Miri : « Tout cela est de ma faute ». Vous savez, nous étions dans une petite pièce, dans l'obscurité, sans électricité, sans nourriture. Avec nos deux très jeunes filles, de 3 ans et demi et 2 ans, entourés de terroristes qui essayaient d'entrer et de nous tuer. Et je lui ai dit que tout était de ma faute, car l'idée de venir à Nahal Oz, dans ce kibboutz à la frontière de Gaza, était la mienne. Mais en même temps, il y a une voix en moi, même aujourd'hui, qui me dit que nous devons y retourner. Sinon, les terroristes auront gagné. Ils ont assassiné quinze de nos amis et voisins, kidnappé sept de nos amis et voisins à Gaza, deux d'entre eux sont toujours détenus. Si nous ne retournons pas vivre dans notre Kibboutz, quel genre de message est-ce que cela envoie ? Mais pour revenir, il faut que certaines choses changent en Israël, car le 7 octobre, pour les gens qui vivent le long de la frontière avec Gaza, c'est d'abord et avant tout un jour de profonde déception envers notre propre pays qui n'était pas là pour nous protéger.

C'est vrai que vous revenez à plusieurs reprises sur ce sentiment de trahison.

Le Hamas est en fin de compte la seule entité qui porte toute la responsabilité du massacre. En vivant à côté de Gaza, nous avons toujours su ce qu'est le Hamas et ce qu'il veut faire. Mais nous savions aussi qu'Israël était un pays fort avec une armée forte qui serait en mesure de les empêcher de nous nuire. Et c'est ce qui a volé en éclats le 7 octobre.

Comme pour tout traumatisme, il est nécessaire de comprendre. Avez-vous compris pourquoi l'armée, les autorités n'ont pas réagi comme vous vous attendiez qu'elles le fassent ?

Ce dont nous avons vraiment besoin en Israël, c'est de mettre en place une commission d'enquête officielle qui examinera toutes les décisions que le gouvernement a prises au fil des années qui ont précédé le 7 octobre. Pourquoi notre gouvernement a permis que de l'argent tombe entre les mains du Hamas ? Pourquoi a-t-il pensé que le Hamas était préférable à l'Autorité palestinienne en Cisjordanie ? Pourquoi a-t-il retiré ses forces de la zone frontalière de Gaza pour les envoyer dans d'autres missions ?

Le 7 octobre prochain marquera les un an de l'attaque du Hamas, mais aussi les un an de la guerre à Gaza. Comment parler de ces deux drames ?

Il est important de dire que le 7 octobre était une attaque terroriste totalement injustifiée d'une ampleur énorme. Je pense qu'il est aussi important pour nous, Israéliens, de critiquer le gouvernement et ses politiques qui ont mené au 7 octobre. Et puis nous devons avoir une conversation séparée sur la guerre à Gaza, qui est une conversation très difficile. En tant que citoyen israélien qui a failli être assassiné ce jour-là avec mes jeunes enfants, je pense qu'Israël n'avait pas d'autre choix que d'entrer en guerre après le 7 octobre. Nous avons été attaqués d'une manière vicieuse et inhumaine, et nous sommes entourés d'autres ennemis qui nous regardent de près. Si nous n'étions pas entrés en guerre en représailles, je ne suis pas sûr qu'Israël existerait encore. Et pourtant, en même temps, cela ne signifie pas que tout ce que nous avons fait pendant la guerre est justifiée. Cela ne signifie pas que les décisions prises pendant la guerre doivent être protégées de la critique, et cela ne signifie pas que la guerre doit durer éternellement. Je crois qu'à ce stade, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour parvenir à un accord, ramener les otages en vie, mettre fin à cette guerre et entamer la tâche très difficile de la reconstruction de nos maisons et de la réparation de notre pays.

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