Au bout du silence et la perspective visionnaire

Brice Levy's Podcast

Hé oui, la triste douleur de se réveiller et d’apprendre que l’on est étranger dans son propre pays. Mais plus douloureux est l'événement majeur, terrible qui est relaté sous les dires du silence à l’origine de l’univers dans lequel se déploie les personnages du roman Au bout du silence de Laurent Owondo. Cet événement se laisse deviner, se laisse annoncer à travers la climatique de même que l’onomastique du quartier principal dans lequel sont plongés les personnages post-deguerpissement. La narration insiste sur le climat. Et ensuite plonge dans un quartier appelé Petite Venise. Au niveau climatique on parle d’un ciel inadéquat qui ne correspond à rien, c’est à dire inédit, jamais vu, conséquence d’un réchauffement climatique qui plonge dans une époque où il n’y a plus de saisons. Où la saison sèche s’étire de manière ductile causant sécheresse et famine. L’on a pas vu cette dimension prophétique de l’écrivain, cette fonction visionnaire qui pourtant traverse de par en par l'œuvre, devenant ici le véritable sujet de l’écriture qui n’est plus qu’un prétexte en vue d'annoncer la catastrophe la plus terrible de l’histoire. Cette catastrophe est présentifiée par un nom : Venise. Petite Venise. Mais Venise quand même. Venise : la cité des eaux, la cité des masques, la cité flottante. Petite Venise pour indiquer le lieu ici de la catastrophe. Petite Venise, nom construit à partir de l'éponyme Petit Paris, indique que la catastrophe aura lieu à Libreville dont l’un des quartiers s’appelle Petit Paris. Il est dans l’ordre des possibles que les Gabonais vivent une grande inondation qui engloutira une partie de leur capital. Une montée des eaux telle que le monde en sera traumatisé, plongé dans un stress post-traumatique inqualifiable… Les hommes seront démoralisés, les femmes devront apprendre la responsabilité et les jeunes devront relever leur pays par la posture visionnaire que dote l’école. L’école négligée avec les enseignants embastillés est pourtant la clé qui sauvera le pays et qui lui permettra de se redresser quelque que soit la catastrophe.