Grödash : « Demain, la République Démocratique du Congo sera le socle de la cohésion planétaire »
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Entre Paris et Kinshasa, ce rappeur-producteur prêche avec ferveur son désir d’unité mondiale inter-espèces « win-win, spirituelle et égalitaire », via un texte coécrit avec sa mère, la scientifique et militante féministe congolaise Georgette Biebie Songo.
« À chaque nouvelle rime, j’écris mon futur NostraDashmus / Certains ont pris ça comme un don / D’autres m’appelaient l’rêveur », rappait-il à la rentrée 2020 sur son morceau Casablanca. Branchons-nous sur les visions de Freddy Biebie dit Grödash, « artiste humaniste et producteur engagé ». Né en 1981 (comme Radio Nova), ce fils d’intellectuels congolais opposés à Mobutu grandit au Congo Brazzaville et arrive en France à 14 ans, direction Les Ulis (Essonne). « Au lycée, j’étais en cours avec Diam’s et c’est un petit peu elle qui m’a boosté en premier. Elle écrivait déjà, elle me faisait écouter ses trucs. On a commencé à gratter avec Fik’s, Bobby, Sinik… » Ce qui donna, depuis son premier enregistrement au « mental de mercenaire » en 1999, depuisson passage en solo en 2008 après l’aventure collective Ul’Team Atom, « des poignées de punchlines » parfois devenues des classiques, comme l’inoxydable et si puissant Charme du ghetto.
Invité récent d’une session de freestyle aux côtés des platines de Sims sur Nova, Grödash y présentait des éclats de son dernier EP sorti en avril dernier, Ghetto littérature, porté par les samples de son compère Coazart, où son flow est irrigué à plusieurs reprises par sa relation complexe au continent africain. Sur Jeux pervers, qui détourne et « fait chialer » la guitare mélancolique du Wicked games de Chris Isaak, le tout jeune quadragénaire écrit : « Africa je t’ai détesté de toutes mes forces, depuis que t’as baissé la garde, que t’as traité de sorciers tes gosses. T’as préféré viser le Nord, délaissé nos cités d’or. Tu t’es trompé de Léopold, fallait enseigner du Senghor. » Grödash lui fera « un doigt d’honneur » pour avoir « bafoué les droits de l’homme », avant d’avouer à l’Afrique qu’il « l’aime depuis le placenta » et rêve de se « blottir dans ses courbes » tandis qu’à Paris, il « crève de froid ».
Pour L’Arche de Nova, Grödash signe un beau prêche utopique d’unité mondiale inter-espèces… avec sa mère, la Congolaise Georgette Biebie Songo, professeure de toxicologie ayant œuvré dans la recherche du vaccin contre le virus Ebola, « aînée d’une famille de vingt-et-un enfants dont quatorze filles » devenue militante acharnée pour la promotion des droits humains et des droits de la femme en particulier, lauréate en 2016 d’un prix décerné par l’ONU pour son combat en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomie des femmes africaines. En 2008, afin de lutter contre « la pauvreté excessive » de celles-ci, ce « diamant brut » a fondé à Kinshasa une mutuelle d’épargne et de crédit d’appuis au développement, prolongée depuis 2017 avec la GBS Fondation, qui promeut l'entrepreneuriat féminin, le micro-crédit et l’accès pour toutes à la téléphonie connectée. Sa lutte a également permis d’inscrire la parité et la condamnation des violences sexuelles en tant que crimes contre l’humanité dans la constitution de la République Démocratique du Congo. Changer le monde, en mieux, avec verve et panache : une mission poursuivie de mère en fils.
Pour en savoir plus sur les actions de Georgette Biebie Songo, c’est ici : https://www.gbs.foundation/
Pour écouter Ghetto littérature, c’est là : https://music.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_khv-lxzOo_QvUETMSHInwRqTBFcLTl1IA
Réalisation : Mathieu Boudon.
Image : Kinshasa, de Guillaume Jan (2009).
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